Interview du mois avec trois animatrices de la relève au Club d’échecs de Soleure: «Le jeu d’échecs est une forme d’école de la vie»
par Bernard Bovigny
beb - Elles sont fascinées par l’ouvrage «Le joueur d’échecs», s’engagent au service de la relève au Club de Soleure et sont aux études. Leurs noms: Livia Behnisch, Valentina Vidal et Polina Fellmann.
Commençons avec vous, Livia Behnisch. Avez-vous encore du temps pour vous et pour des loisirs? Je vous le demande car vous avez passé votre bac gymnasial avec un six.
Livia Behnisch: Oui, je prends toujours du temps pour mers hobbys.
Comment organisez-vous vos loisirs en général?
Je les prends en fonction de mes envies. Par beau temps, je passe volontiers du temps dans la nature, et s’il pleut je me réfugie dans un livre intéressant.
Pouvez-vous nous expliquer votre passion pour les sciences naturelles?
Déjà enfant, je ne pouvais pas me contenter de ce refrain d’un chant soleurois «S’isch immer e so gsi» (Ça a toujours été ainsi). Comment? Quoi? Pourquoi? Je trouvais toujours plus intéressant de poser des questions, et les réponses n’étaient pas toujours satisfaisantes. Les sciences naturelles pouvaient expliquer beaucoup de choses qui nous environnent et il reste encore beaucoup à explorer.
Avez-vous aussi perçu des formules et des structures aux échecs?
Il y a différentes structures qui reviennent dans les tableaux de mat.
Vous avez aussi plaisir à entraîner des jeunes au Club d’échecs de Soleure. Comment expliquez-vous ce plaisir à enseigner?
Il est important de soutenir la relève. J’ai aussi pu profiter des entraînements juniors aux échecs et j’aimerais le transmettre. Ça fait aussi plaisir de voir que des enfants et des jeunes se passionnent pour les échecs et fassent des progrès.
A côté de la musique, du sport et des études, il ne doit pas vous rester beaucoup de temps pour étudier les échecs. Est-ce que je me trompe?
Jouer aux échecs est un plaisir pour moi, et non une compétition ou une obligation. Il m’est impossible de m’entraîner chaque jour. Mais parfois je trouve le temps d’étudier ou d’analyser un problème d’échecs ou un casse-tête.
Avez-vous l’impression que vous pouvez utiliser vos connaissances aux échecs dans la vie?
Le jeu d’échecs est une forme d’école de la vie. À chaque coup, il faut prendre une décision dont il faut ensuite assumer les conséquences.
Vous étudiez maintenant la physique et la chimie à l‘Université de Berne. Allez-vous quand même poursuivre votre engagement au Club d’échecs de Soleure?
C’est à voir. Si mes horaires de cours me le permettent, j’aimerais bien rester fidèle au Club de Soleure.
Je demande maintenant à votre camarade de club Valentina Vidal: Quelles activités exercez-vous au Club de Soleure?
Valentina Vidal: Tout comme Livia, je suis une entraîneur pour enfants et jeunes diplômée. Il est clair que je joue aussi moi-même aux échecs comme loisir.
Qu’étudiez-vous?
Je fais des études à l’Académie de musique de Bâle et je suis en pré-collège avec le violon comme branche principale.
Comment êtes-vous venue aux échecs?
Les jeux m’ont toujours passionnée comme enfant, c’est pourquoi mes parents m’ont assez rapidement inscrite au club d’échecs pour une année. Il y a trois ans, j’ai retrouvé du temps pour jouer après une interruption due aux activités scolaires, car j’éprouvais encore beaucoup de plaisir à exercer la pensée logique.
Quelle est l’influence des échecs sur votre vie?
Les échecs favorisent la pensée logique, l’analyse des problèmes et beaucoup d’autres choses. Ce qui représente un avantage pour ma vie.
Vous pouvez donc y acquérir des aptitudes qui vous sont utiles pour la vie de tous les jours?
Comme l’a bien formulé Livia, les joueuses et joueurs d‘échecs doivent prendre des décisions en prenant en compte et en assumant les conséquences. Cela touche bien entendu des domaines particuliers du quotidien, que ce soit dans les relations humaines ou dans son mode de vie personnel.
Qu’est ce qui caractérise en particulier le Club d‘échecs de Soleure?
Il accueille des petits et des grands, des vieux et des jeunes, des débutants et des avancés et les invite tous à jouer ensemble aux échecs. Il ne favorise pas seulement les tournois, mais également la convivialité.
La convivialité est un thème récurrent de cette interview. Et la troisième femme qui intervient, Polina Fellmann, fait aussi partie du Club de Soleure. Que pouvez-vous dire au sujet de ce club?
Polina Fellmann: Il est très engagé et propose beaucoup d’entraînements. Parfois il y a même la possibilité de participer à un entraînement avec un Grand-Maître. Mais ce qui caractérise notre club, ce sont les membres qui s’y impliquent et leur passion commune pour les échecs. L’enthousiasme des enfants, la serviabilité des parents et l’engagement des entraîneurs permettent à notre club d’avoir une belle harmonie.
Qu’est-ce qui vous pousse à rester des heures devant un échiquier et résoudre des problèmes, respectivement poser des problèmes à votre adversaire?
Le temps passé à l’échiquier passe très vite. Durant la partie, on évacue tout ce qui ne participe pas à l’instant présent et on se consacre mentalement aux 64 cases de l’échiquier. Pour les spectateurs, cela semble durer une éternité, mais lorsqu’on est entièrement plongé dans sa partie, le temps passe sans qu’on s’en aperçoive.
Avez-vous déjà vécu quelque chose qui sort de l’ordinaire ou une expérience particulière durant un entraînement ou une partie disputée?
Lors des tournois, on affronte souvent des adversaires auxquels on s’est déjà souvent mesurés. Mais j’ai croisé le fer avec une joueuse contre qui j’avais une ambition de victoire plus prononcée que contre les autres. Au début, je perdais toujours en quelques coups. Puis à chaque partie ça devenait toujours plus serré. La dernière que j’ai jouée contre elle avait duré plus longtemps que trois heures. Je l’ai perdue, mais elle a eu des difficultés à gagner contre moi. Cela a représenté une victoire pour moi. Il ne faut jamais abandonner et voir le positif aussi dans la défaite.
Chez vous, tout comme chez Livia Behnisch et Valentina Vidal, les échecs sont-ils un hobby complété par d’autres loisirs?
Oui, les échecs sont un hobby, tout comme le tennis, l’art et la photographie.
Etes-vous satisfaite avec la proportion de femmes dans votre club?
Le Club de Soleure favorise la participation des femmes et des filles. Leur proportion ne cesse d’augmenter. Mais il est vrai que je me réjouirais de voir cette proportion tendre encore plus vers l’équilibre.
De quelle façon vous engagez-vous dans le club?
Comme Livia et Valentina, je suis entraîneur pour enfants et jeunes diplômée. J’essaie aussi d’apporter un soutien dans d’autres domaines au club, que ce soit comme photographe lors des manifestations ou comme accompagnatrice à des tournois.
Comment pouvez-vous profiter concrètement de vos aptitudes aux échecs dans la vie courante?
Je suis d’avis que pour chaque problème il existe une solution, aussi bien aux échecs que dans la vie courante. Il faut simplement changer la perspective et tenter parfois quelque chose de nouveau.
Interview: Graziano Orsi / Traduction: Bernard Bovigny
Livia Behnisch
Domicile: Soleure.
Âge: 18.
Profession: étudiante.
Hobbys: Lecture, musique, voyages.
Club: Soleure.
Valentina Vidal
Domicile: Soleure.
Âge: 18.
Profession: étudiante (musique, violon).
Hobbys: littérature, peinture.
Club: Soleure.
Polina Fellmann
Domicile: Derendingen.
Âge: 19.
Profession: étudiante.
Hobbys: tennis, art, photographie.
Club: Soleure.
Toutes trois citent «Schachnovelle» («Le joueur d’échecs») de Stefan Zweig comme livre préféré.