Interview du mois avec Ulrich Eggenberger – «Je me réjouis de transmettre à ceux qui sont restés à la maison mes impressions sur la façon dont les joueurs élites, moyens et venus sur le tard ont vécu un tournoi»

par Bernard Bovigny (commentaires : 1)

Un joueur d'échecs très engagé chez les seniors: Ulrich Eggenberger.

beb - Président fondateur d’un club d’échecs, membre de l’équipe nationale de hockey sur gazon et multiple champion suisse, et rédacteur depuis plus de 16 ans chez les «Seniors Suisses des Echecs». Ces réalisations, Ulrich «Ueli» Eggenberger peut en être fier. Actif depuis 55 ans aux échecs, l’instituteur retraité y est toujours engagé avec passion.

Comment êtes-vous arrivés au sport échecs et quel rôle jouent les échecs dans votre vie?

J’ai appris très tôt le jeu d’échecs avec des camarades de classe et j’ai joué ensuite durant toute ma scolarité, et plus tard régulièrement à l’Ecole normale des instituteurs. Mais sans pendule ni notation. J’ai ensuite contribué de façon prépondérante à la fondation du Club d’échecs de Niederrohrdorf, en tant que président fondateur, en 1963. Dès ce moment, j’ai participé à des tournois. Mais mon hobby numéro 1 était alors le hockey sur gazon. J’ai été dix fois champion suisse avec Rotweiss Wettingen et membre de l’équipe nationale.

Il ne restait plus beaucoup de temps pour les échecs. Après ma carrière sportive, j’ai fréquenté régulièrement des tournois d’échecs, par exemple les championnats suisses individuels, les tournois de Bienne ou Zurich. A l’âge des seniors, j’ai rejoint les Seniors d’Argovie (aujourd’hui un club actif le mercredi après-midi avec plus de 40 membres) et j’en suis devenu président jusqu’à mon déménagement dans l’Oberland bernois. Je suis actif dans les «Seniors Suisses des Echecs» depuis 2002, comme rédacteur du bulletin de tournois et je participe chaque année à tous les tournois (actuellement dix), que nous organisons dans de magnifiques endroits. Je jouais autrefois en CSE et CSG avec Baden et Niederrohrdorf, actuellement avec le CE de Thoune et les Amateurs d’échecs de Thoune. On me rencontre donc souvent devant l’échiquier et j’apprécie beaucoup la «famille des échecs».

Quels pays ou régions que vous avez visités vous ont laissé une forte impression?

Avec le hockey sur gazon, j’ai pu visiter de nombreux pays dans toute l’Europe, ainsi que l’Afrique du Sud. J’ai fréquenté assez rarement des tournois d’échecs à l’étranger et, le cas échéant, dans les pays voisins: Autriche, Italie, France et Allemagne.

Quelle pièce d’échecs reflète le mieux votre caractère et pourquoi?

Je choisis le fou («Läufer»), car au hockey sur gazon, je jouais comme extérieur («Aussenläufer») gauche.

Vous êtes très actif sur la scène des échecs en Suisse et engagé comme rédacteur des «Seniors Suisses des Echecs». Qu’est ce qui vous motive surtout dans cet engagement?

Je me réjouis de pouvoir être présent à ces nombreux tournois et de transmettre aux participants ainsi qu’à ceux qui sont restés chez eux (notre association compte 540 membres) mes impressions sur la façon dont les joueurs élites, moyens et venus sur le tard ont vécu un tournoi. Pour chaque bulletin, je sélectionne souvent plusieurs dizaines de diagrammes tirés de parties – faciles, moyens, difficiles – pour une étude sans échiquier et je commente environ dix parties. A vrai dire, nous sommes actuellement toute une équipe du bulletin, qui se partage les tâches.

Où voyez-vous un potentiel d’amélioration dans les échecs seniors, autant au niveau de la Fédération suisse des échecs que de l’association «Seniors Suisses des Echecs»

Depuis peu, avec Beat Binder nous avons parmi nous un membre du comité qui se préoccupe de faire connaître notre association en Suisse romande. Nous espérons de cette façon attirer un plus grand nombre de participants aux tournois. Avec la FSE, nous entretenons de bonnes relations et nous disposons régulièrement de quelques pages dans la RSE.

Comment expliqueriez-vous cette fascination pour le jeu d’échecs à un non connaisseur?

Jeunes et vieux peuvent se mesurer de la même façon l’un à l’autre dans une compétition intellectuelle, indépendamment de la langue et de la culture. Toni Wyss l’a mis en pratique en Argovie avec des cours où sont impliqués Pro Juventute et Pro Senectute.

Quelle(s) personne(s) vous a (ont) le plus marqué? Et au niveau des échecs?

C’étaient et ce sont les joueurs de pointe dans les clubs argoviens de Baden, Niederrohrdorf, Aarau – aujourd’hui à Thoune! Je ne me compare pas aux grosses pointures internationales.

Le nombre de membres de la Fédération suisse des échecs semble actuellement stable. Quelles mesures proposez-vous pour éviter une tendance à la baisse?

Ce serait bien que les échecs à l’école deviennent encore plus populaires. Durant mes 40 années d’enseignement, j’ai organisé de nombreux cours d’échecs pour écoliers sur une base volontaire. Les échecs juniors méritent d’être soignés!

Pourquoi y a-t-il si peu de femmes jouant aux échecs, selon vous?

Lors des cours d’échecs à l’école, parmi les plus jeunes la proportion de filles était plus élevée, mais après la fin de la scolarité beaucoup d’entre elles laissaient tout tomber! Pourquoi, je ne peux pas non plus l’expliquer. Dans les échecs seniors en Suisse, le nombre de femmes est aussi minime. Il est clair que nous nous réjouissons de chaque nouvelle venue!

Vous avez vécu vous-même une période palpitante de l’histoire des échecs avec le développement du digital. Où voyez-vus personnellement les risques et les possibilités liés aux échecs sur ordinateur et l’analyse de parties basée sur l’ordinateur?

Je pense personnellement qu’il existe un danger de «dépendance au jeu»! Je joue plus volontiers avec des humains! Mais je suis content d’avoir un ordinateur pour mon activité avec le bulletin.

Qu‘avez-vous découvert de nouveau en dernier et quand?

Avec les blancs, l’ouverture 1. Cc3 (je joue 1.e4, 1.d4 et bien sûr 1.f4, que j’ai joué exclusivement durant des années). Avec les noirs, le gambit dame variante slave est un terrain encore à découvrir, car je jouais la française et la hollandaise.

Votre meilleur souvenir ou anecdote aux échecs ?

Une fois, lors de ma période de hockey sur gazon, j’ai joué une mi-temps pour Rotweiss Wettingen avec la canne recourbée et je me suis fait remplacer à la pause, pour que je puisse me déplacer avec mon équipe de CSE de Baden en Suisse centrale! Faire une chose sans abandonner l’autre!

Quelle question d’interview – réponse comprise - aimeriez-vous poser à vous-même?

Quelque chose sur le travail avec les jeunes (et pas seulement aux échecs): au hockey sur gazon, j’ai été rapidement responsable des juniors à Rotweiss Wettingen, puis plus tard membre au comité de la Fédération suisse de hockey sur gazon responsable de l’introduction du hockey sur gazon à Jeunesse + Sport. Et j’ai enseigné la branche à option «hockey sur gazon» dans le cadre du sport scolaire à Baden et Untersiggenthal, d’ailleurs sur mon salaire d’instituteur.

Un livre qui vous tient à cœur (pas forcément un livre d’échecs).

«Tschipo» de Franz Hohler. Un livre que je lisais aux élèves du niveau moyen, et qu’ils attendaient avec impatience chaque samedi!

Portrait:

Date de naissance: 25 octobre 1940

Domicile: Beatenberg

Profession: instituteur retraité

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Jean-Pierre Dorand Commentaire de Jean-Pierre Dorand |

Bravo à Ueli et à l'auteur de l'article! Des exemples à suivre!
Bel fin d'été!
JP Dorand

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