50 ans de la Fondation Suisse des Échecs pour la jeunesse – interview avec David Lugeon (président CE Nyon): de zéro à 90 membres juniors en 30 ans

par Markus Angst

David Lugeon: «On essaiera toujours d'augmenter la qualité des cours.»

ma - A l’occasion des 50 ans de la Fondation Suisse des Échecs pour la Jeunesse, la Fédération Suisse des Échecs publie chaque mois sur son site internet et dans les six éditions de la «Revue Suisse des Échecs» un article en lien avec les échecs juniors en Suisse. Présentation du Club de Nyon en compagnie de son président David Lugeon, un club qui compte davantage de juniors que d’adultes.

Les principaux clubs d’échecs vaudois pionniers dans la promotion des échecs auprès des juniors proviennent d’une ville de moyenne importance et exercent rôle phare dans leur région: Payerne dans la Broye, Echallens dans le Gros-de-Vaud, ainsi que Nyon et La Garde du Roi sur la Côte. Le Club d’échecs de Nyon a misé avec succès sur les jeunes depuis près de 30 ans.

David Lugeon a rejoint le Club d’échecs de Nyon à 14 ans et le préside depuis 2004 (avec un petit intermède). Auparavant, il exerçait la fonction de responsable des jeunes. «On a relancé l'école avec... zéro membres juniors! C’était un trou très difficile à recombler pour retrouver un rythme digne d'une école d'échecs. Mais grâce à des équipes de moniteurs exceptionnelles, on a réussi», se réjouit-il.

Combien de membres, dont de juniors, compte le Club d’échecs de Nyon?

David Lugeon: Le nombre de membres fluctue un peu. On tourne souvent autour de 70 adultes et 90 jeunes. Le club a été fondé en 1916. Nous avons vécu de magnifiques festivités pour les 100 ans en 2016!

Votre club connaît une situation incroyable au niveau des juniors. Avez-vous décidé une fois de miser sur la formation?

Pas vraiment. Quand j'ai relancé le mouvement, je devais avoir 19–20 ans. Entouré de bons joueurs complètement bénévoles et motivés, je faisais des tournus pour donner les cours. Deux objectifs étaient exprimés: premièrement social, en proposant une activité saine aux jeunes de notre ville. Et deuxièmement formatif, pour amener des jeunes dans nos équipes actives. Pendant longtemps, seul le premier objectif était atteint, car les jeunes arrêtent souvent à l'âge du gymnase. Pour fidéliser, il a fallu avoir encore plus de membres, et donc de propositions de cours. En effet, les jeunes restent s'ils ont leurs amis dans le club. Mais on a constaté au bout d'un moment des retours au club après les études.

Votre club a-t-il connu une croissance régulière de ses juniors?

La formation a toujours été importante. La croissance a donc toujours été là, plutôt uniformément. On a toujours essayé de faire avec des faibles moyens, pour garder une cotisation également modeste. On a pu compter sur Thierry Branca comme un responsable des jeunes tellement dynamique que la croissance a été accélérée de manière explosive dans les années 2000, toujours avec la même philosophie. Et Pascal Guex est le moniteur qui aura tout vécu, toutes les réformes et les croissances. Il est fabuleux, il aime les petits groupes, et il a formé nos meilleurs jeunes depuis 25 ans. Il s'adapte à toutes les réformes, toutes les politiques, et s'entend bien avec tout le monde. Un moniteur exceptionnel.

Avez-vous vraiment pu continuer avec des moyens limités?

Pas vraiment. Récemment le club a connu un nouveau palier. Cette fois-ci, un investissement financier a dû être consenti, plus important, car il devenait nécessaire d'offrir une prestation supplémentaire, notamment à nos jeunes les plus talentueux. L'exemple-clé est l'accompagnement dans les tournois de qualifications, même de l'autre côté de la Suisse. Le club a dès lors engagé le MI Sébastien Joie, qui a donné la dimension supplémentaire voulue, que le club n'avait jamais connue précédemment. C'est important, on s'en rend de plus en plus compte.

A quoi est dû l'immense succès du Tournoi de Signy?

Le cadre était au départ un immense challenge: dans un centre commercial, c'est bruyant! C'est très différent d’une salle silencieuse. Certains joueurs, très peu nombreux, n'aiment pas du tout et ne viennent pas. Mais l'immense majorité arrive à «faire sa bulle» et apprécie même l'ambiance ultra-visible. Depuis tant d'années, nous avons attiré les participants par le fait que Nyon se distingue par une petite différence, un détail: chaque enfant choisit son prix; les prix sont presque tous différents. Signy est en fait un héritier d'un «tournoi de Nyon» né en 1998 où c'était déjà le cas. Thierry Branca, initiateur du déménagement à Signy, a gardé cette idée, et cela plaît énormément aux enfants. Clairement, un prix choisi par lui-même coûtant 5.- fera davantage plaisir à un enfant qu'un prix unique coûtant 10.-. Par contre, c'est un sacré boulot en amont: Thierry achète des prix durant toute l'année pour le tournoi suivant! L'an dernier nous avions 230 participants sur les deux jours: 70 le vendredi et 160 le samedi.

Quels sont les défis du club pour ces prochaines années?

Toujours la formation en priorité. Le défi principal de la décennie est accompli, avec la réforme récente et l'accompagnement très accru dans les tournois et compétitions. Dans les défis prochains, un moniteur, David Berset, a eu l’idée géniale d'une école basée sur l'image de spiderman. Les enfants adorent. Le comité a toujours eu l'habitude de soutenir tant que possible toutes les initiatives. Par ailleurs, on va prochainement changer les vêtements de nos jeunes pour les tournois et les compétitions. L'accent va donc être mis, grâce à l'impulsion David Berset, sur l'appartenance au groupe et au plaisir d'en faire partie.

On connaît Dorian Asllani parmi vos juniors à succès. Avez-vous d'autres champions suisses de la relève ou junior(e)s prometteurs dans vos rangs?

Dorian est quand même une exception dans notre formation, il faut l'avouer. Son formateur-clé est, comme par hasard, Pascal Guex. Le même qui a donné le virus à Numa Bertola, le premier junior formé au club des années 2000 à avoir touché la ligue nationale. Dorian a connu une progression fulgurante. Son investissement-temps est exemplaire. Mais tous les jeunes ne peuvent pas investir autant, car ils doivent mettre la priorité sur l'école et les études. On accompagne, on coache, et on respecte l'investissement souhaité dans cette passion. Veronika Kostina, formée aussi au club, a bientôt 20 ans et fait ses études aux USA. Elle représente un magnifique exemple chez les filles. Actuellement on a une super équipe prometteuse; on verra si l'un ou l'autre se distingue. Dorian ne doit pas rester une exception. 

Comment les accompagnez-vous concrètement?

On essaiera toujours d'augmenter la qualité des cours. Honnêtement là, actuellement, c'est vraiment bien! Là où nous avions un manque, c'était dans l'accompagnement des compétitions éloignées, notamment les tournois de qualification. C'est désormais comblé. Il s'agit maintenant de trouver les moyens d'accentuer la progression via ce coaching. Pas de miracle: cela passe par le fait de donner le goût de l'étude au jeune. En effet, une condition sine qua non, c'est de donner envie de travailler individuellement. Le moniteur d'échecs qui est là pour expliquer cède petit à petit sa place à l'accompagnateur, au sens propre (tournois) qu'au figuré (étude). L'accent est donc mis sur «davantage jouer». L'entraînement ne suffit pas. La collaboration avec la Coupe du Léman juniors est ici fondamentale. Le travail de David Monnier (directeur de l’Ecole d’échecs de la Broye à Payerne) est remarquable à ce titre. Nyon veut jouer le jeu en accueillant une journée, pour faire sa part. Mais la Coupe du Léman juniors, c'est le top pour commencer la compétition par équipes. Elle est un trait d'union, dans plusieurs échelons de la compétition:

> tournois d’activ-chess (premiers pas)

> catégorie C de la Coupe du Léman junior (doit savoir noter)

> catégories A ou B

> équipes actives (CSE et CSG) et CSJE.

On fête cette année les 50 ans de la Fondation Suisse des Échecs pour la Jeunesse. Votre club ou vos juniors ont-ils bénéficié directement ou indirectement de cette fondation?

Directement, assez peu en fait. Elle soutient par un petit geste financier le tournoi de Signy, et on la remercie chaleureusement pour cela! Indirectement, nos juniors du cadre et Dorian Asllani en particulier profitent des tournois soutenus par la fondation.

Interview: Bernard Bovigny

 

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ma/bb. La Fondation Suisse des Échecs pour la jeunesse a besoin d’élargir le cercle de ses donatrices/teurs pour continuer à soutenir à fond les échecs juniors en Suisse. Ces contributeurs s’engagent à verser au moins 500 francs par an durant cinq ans.

Mais tous les dons de privés ou d’entreprises sont les bienvenus (IBAN CH47 0483 5002 7259 9000 0 au Crédit Suisse). Il est également possible de soutenir la Fondation Suisse des Échecs pour la jeunesse dans son testament.

Dans beaucoup de cantons, les montants versés à la fondation peuvent être déduits des impôts. L’argent des donatrices et donateurs soutient intégralement les échecs juniors car le Conseil de fondation œuvre bénévolement.

La Fondation Suisse des Échecs pour la jeunesse est dirigée par un conseil formé de huit membres. En font partie le président Michael Hochstrasser, André Vögtlin (président central de la FSE), Peter A. Wyss (ancien président central de la FSE), Adrian M. Siegel (ancien président central de la FSE), Ruedi Staechelin (ancien président central de la FSE), Rahel Umbach (coach du cadre juniors), Gundula Heinatz Bürki (ancienne présidente de la Commission des compétitions de la FSE) et Lindo Duratti (coach régional ouest).

Site internet de la Fondation Suisse des Échecs pour la Jeunesse

Contact: Michael Hochstrasser, président

Interview complet de Michael Hochstrasser dans la «Revue Suisse'1/24

Dans le prochain épisode, en mars, lisez un article sur le Swiss Young Masters, que la Fondation Suisse des Échecs pour la Jeunesse soutient depuis des années.

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